Journée Doctorale du CIRAP le 16 juillet 2024
Chaque année, l’ÉNAP invite les doctorants associés au CIRAP à venir présenter leur travail de thèse en cours et à échanger avec l’ensemble des personnels de l’École.
Cette année, étaient ainsi accueillis trois doctorants :
Hatem Tallédec-Ramdani (Doctorant à l’EHESS, Paris, et doctorant associé au CIRAP) a présenté son pro-jet de recherche sur les structures d’accompagnement vers la sortie.
Ce travail s’inscrit dans le champ de la sociologie ethnographique de la prison, en appréhendant « par le bas » la mise en œuvre de régimes de détention différenciés dans les maisons d’arrêt françaises (struc-tures d’accompagnement vers la sortie et unités pour détenus violents). A partir des premières données d’une enquête en cours au sein d’une structure d’accompagnement à la sortie, cette intervention a porté sur les réflexions qui ont pu émerger au cours du terrain d’enquête. Elle s’est basée notamment sur deux points qui apparaissent comme structurants dans la mise en œuvre de la structure : l’octroi de permis-sions de sortir et la procédure d’affectation en SAS. Ces deux éléments mettent en relief le paradoxe nodal de la prison (enfermer et réinsérer) et font apparaître une reconfiguration de la production de l’ordre négocié autour de l’enjeu de l’accès au « dehors » pour les personnes détenues.
Marie-Caroline Urion (Doctorante au Laboratoire de droit privé et sciences criminelles de l’Université d’Aix-Marseille, et doctorante associée au Cirap, boursière de l’ÉNAP) a présenté son travail sur la surpopulation carcérale.
Cette thèse porte sur la surpopulation carcérale en tant que phénomène et sur la nécessité de modifier sa nature en fait juridique, afin de pouvoir l’endiguer durablement. Elle analyse également les conséquences de l’instauration d’un tel fait juridique sur le modèle de la maison d’arrêt et sur la gestion des détenus. La présentation de ce travail ouvre sur la création d’un « indicateur de surpopulation carcérale ressentie », qui a vocation à expliquer la manière dont les personnels ressentent la présence de la population carcérale en établissement pénitentiaire, influant directement sur leurs conditions de travail. Ce ressenti peut donc différer de la situation de surpopulation objective de l’établissement.
Amandine Magne (Doctorante en droit privé et sciences criminelles à l’Université de Poitiers, et docto-rante associée au CIRAP) a présenté ses recherches sur la notion de réinsertion sociale des condamnés.
Depuis la loi de 1994 sur le service public pénitentiaire, la notion de réinsertion sociale des condamnés n’a eu de cesse d’irriguer l’ensemble de la matière pénale. Le législateur accorde donc – en apparence au moins – une certaine importance à la réinsertion des condamnés. Pour autant, les textes normatifs ne proposent aucune définition de la notion de réinsertion, ce qui alimente le flou qui l’entoure et entraîne une insécurité juridique trop importante.
La thèse interroge cette absence de définition de la réinsertion sociale des condamnés et en entreprend ainsi une théorisation.
L’étude menée démontre finalement, et malgré les critiques émises, la pertinence de la notion de réin-sertion des condamnés en droit pénal et souligne combien elle est essentielle au bon fonctionnement de tout droit pénal moderne.
