Le crime en questions d'hier à aujourd'hui. Exposition virtuelle
Une exposition concue par l'Enap présente la permanence des interrogations sur le fait criminel
Conçue par deux enseignants-chercheurs historiens de l'ENAP (Sylvie Courtine et Bénédicte Prévot-Mercier) à l'occasion de l'inauguration du Centre de Ressources sur l'histoire des crimes et des peines (CRHCP) en 2004, cette exposition présente la permanence des interrogations et difficultés auxquelles sont confrontées les juristes, les politiques, les scientifiques et l'opinion dès lors que le passage à l'acte criminel est concerné.
Aux 5 panneaux thématiques présentés ici, s'ajoute un panneau introductif qui met en exergue les traits récurrents aux questionnements populaires et scientifiques en matière de criminalité depuis deux siècles.
Le récit des grandes affaires criminelles dans la presse et le succès des reportages sur des faits divers montrent l'attrait qu'exerce le crime sur l'opinion publique.
Si la médiatisation du crime et de la criminalité prend véritablement son essor au cours du 20ème siècle, elle n'est pas propre à cette période : étroitement liée à l'histoire des crimes et des peines, elle se présente, en effet, comme une "mécanique" identifiable depuis les origines de la presse périodique.
Responsabilité pénale : punir ou guérir le criminel ?
Notions de responsabilité et de libre arbitre
Au milieu du 19ème siècle, dans un contexte où l'ordre et le contrôle social sont des intentions dominantes, ce ne sont plus les lois qui sont remises en question, ni même le système pénal, mais les responsabilités individuelles. Il en découlera, entre autres, une approche plus serrée et néanmoins ambiguë des notions de responsabilité et de libre arbitre, ainsi qu'un questionnement renouvelé de la distinction entre folie et criminalité.
Depuis la fin du 19ème siècle, la notion de faute s'insère peu à peu dans le jugement porté sur les malades mentaux criminels. La première moitié du 20ème siècle est marquée par une psychiatrie asilaire et répressive, visant à éliminer ces « parasites » que sont les fous criminels.
Dans la seconde moitié du 20ème siècle, au-delà du développement de thérapies alternatives à l'asile s'intéressant peu aux délinquants déséquilibrés, des psychiatres spécialistes de la question, comme Georges Heuyer, estiment qu'il existe finalement bien peu de malades mentaux criminels. En fait, le problème n'est plus de se demander s'il faut envoyer le criminel à l'hôpital psychiatrique ou à l'asile, mais de savoir s'il faut créer un établissement spécifique où s'uniraient peine et soins, mesures répressives et actions thérapeutiques.
En conséquence, aujourd'hui, parallèlement à une demande croissante de responsabilisation et au besoin de pénalisation des coupables, de moins en moins d'ordonnances de non-lieu pour irresponsabilité pénale sont rendues, malgré l'existence de l'article 122-1 du nouveau code pénal, entré en vigueur en 1994.
Crime et société : la science au service de l'ordre
Le rôle majeur des médecins
Au 19ème siècle, les scientifiques, en particulier les médecins, jouent non seulement un rôle majeur dans l'élaboration des connaissances mais influent aussi souvent dans le choix des orientations politiques. Leur intérêt s'étend très vite aux problèmes de justice : La science, par son regard objectif, entend ainsi éclairer la société et préconiser de véritables remèdes à ses maux. Pour cela, elle doit être en mesure, non seulement d'offrir une vision nette de la population, mais aussi, dans le cadre des procès, d'infléchir les verdicts ou de les moduler et d'orienter efficacement les pratiques éducatives, thérapeutiques ou punitives.
A la fin du 19ème siècle, l'anthropologie criminelle se présente comme une science susceptible d'articuler la science du crime et du criminel aux réflexions sur la peine, envisagée comme fonction sociale dans une logique politique. Au 20ème siècle, les techniques d'analyse et d'identification vont peu à peu se perfectionner, avec le portrait-robot, les microscopes, l'informatisation des données puis la lecture de l'empreinte génétique. C'est une véritable révolution, comparable aux avancées de Bertillon au 19ème siècle. A partir du sang, du sperme ou d'un bulbe capillaire, il devient possible d'identifier l'ADN du délinquant, et de le comparer avec l'ADN des suspects. La fiabilité est remarquable.
L'obsession de la récidive
Questions fondamentales sur l'efficacité de la prison
La récidive est une rechute dans la délinquance après une condamnation. La société a déjà dû intervenir, et elle doit de nouveau prendre en charge le délinquant. Cette notion joue un grand rôle pour les politiques au 19ème siècle, comparable à celui de la violence de nos jours. Prospérant sur les problèmes sociaux liés à l'industrialisation (misère, vagabondage), la récidive pose des questions fondamentales sur l'efficacité de la prison. « Obsession créatrice » (Schnapper), elle est à l'origine de nombreuses expériences pénitentiaires et de certaines inventions législatives. Depuis deux siècles, la politique à l'égard des récidivistes oscille entre répression et prévention. Ce constant souci de la récidive a suscité le développement de techniques policières d'identification des individus, dans une collaboration et un dialogue constants entre police et science.
Modalités de prêt
Cette exposition et les 6 panneaux sont disponibles en prêt.
Tout prêt fera l'objet d'une convention préalable entre l'ENAP et l'emprunteur qui fixera les modalités de mise à disposition de l'exposition.
Pour tout renseignement complémentaire, contacter le Centre de ressources sur l'histoire des crimes et des peines de la Médiathèque : biblio.enap@justice.fr