Histoire & Patrimoine pénitentiaire

L'Architecture

L'Architecture - L'espace pédagogique Pierre Cannat
L'Architecture - L'espace pédagogique Pierre Cannat

Au début du 19e siècle, l’administration réhabilite surtout des bâtiments hérités de l’Ancien régime, la plupart confisqués pour en faire des prisons. Des architectes (comme Alexandre Poitevin au château de Cadillac en Gironde ou Alfred Normand à l’abbaye de Fontevraud en Maine-et-Loire) sont chargés de procéder aux transformations nécessaires.

Il n’y a pas de modèle architectural précis, pas d’application d’un plan-type : on adapte les locaux existants à leurs nouvelles fonctions et on procède à des extensions, destructions, ajouts, transformations  pour abriter ateliers, bureaux, dortoirs, infirmeries, chapelles, salles de bains, réfectoires, cuisines, salles de classe, prétoires, cachots… 

Ainsi transformés, ces établissements deviennent de grandes prisons-manufactures, véritables cités vivant en autarcie où les détenus, répartis dans des ateliers, sont astreints au travail obligatoire.

 

A partir des années 1830, l’isolement et le travail deviennent les instruments de la transformation et de l’amendement du détenu. Deux modèles architecturaux de systèmes cellulaires coexistent alors :

  • le système pennsylvanien : emprisonnement cellulaire strict avec séparation de jour comme de nuit
  • le système auburnien : isolement en cellule individuelle durant la nuit, mais travail en commun dans des ateliers pendant la journée

A partir de ces modèles, les architectes proposent plusieurs variantes de plans pour les prisons :

  • panoptique complet (plan circulaire parfait) ou en demi-cercle
  • plan rayonnant ou en étoile
  • plan en croix
  • plan en Y

A partir de 1850-1860, c’est le plan rayonnant qui devient le schéma principal avec comme caractéristiques :

  • les perspectives des couloirs
  • les coursives en surplomb
  • le volume de la rotonde (tour centrale)
  • l'ampleur des arches liant les ailes à la rotonde

Au 20e siècle à jusqu’à aujourd’hui,  les caractères de l’architecture carcérale demeurent pratiquement les mêmes qu’au 19e siècle* :   

  • Un bâtiment unique, plus ou moins tentaculaire, qui compose la zone où les détenus peuvent avoir accès et où toutes les liaisons sont intérieures
  • Un espace fonctionnel destiné aux détenus : cellule, ateliers, salle de classe, cour de promenade, conçus comme autant de petites prisons dans la prison
  • Un réseau de circulations qui relie entre elles toutes ces micro-prisons et où travaille le personnel de surveillance. Les détenus ne font qu’y passer pour aller d’un endroit à l'autre, sous le contrôle des surveillants.

Cependant, une nouvelle génération d’établissements pénitentiaires mettant l’accent sur la réinsertion du détenu voit le jour.

* Christian Demonchy, « Généalogie de la prison moderne », 2003