Histoire & Patrimoine pénitentiaire

La vie en détention

La vie en détention - Espace pédagogique pierre Cannat

Religion et travail

Au 19e siècle, la religion comme le travail est un élément fort de l’amendement du détenu. La messe du dimanche est obligatoire et est assurée par un aumônier recruté, présent dans l’établissement. L’influence des religieux recule avec la montée de l’anticléricalisme à la fin du siècle. La loi de 1905 (séparation des églises et de l’Etat) accélère encore ce retrait, même si la pratique religieuse demeure dans les établissements, comme en témoignent les photographies du Fonds Henri Manuel  (Voir le parcours thématique sur Henri Manuel). 

La santé des détenus est une préoccupation constante. Le médecin est présent en prison dès 1809 et les infirmeries sont obligatoires à partir de 1839.

La mission du médecin est de prévenir les affections endémiques ou épidémiques comme la tuberculose, première cause de mortalité dans les prisons. Limiter la contagion et renforcer l’organisme des personnes fragiles sont souvent les seuls moyens de prévention. Il en est de même pour la prise en charge de détenus souffrant de troubles mentaux.

Après 1945, l’ouverture progressive des prisons aux autorités et personnels de santé, la prise en compte des droits fondamentaux, dont le droit d’accès à la santé pour les détenus, mènent à la loi du 18 janvier 1994, qui offre au détenu une qualité de soin équivalente à celle de l’ensemble de la population, dans des structures adaptées où travaillent des personnels de santé.

Vie en détention

 

Mais la vie en détention, c’est surtout un régime rigoureux qui  s’assouplit au fil du temps. Au 19e et début du 20 siècle, le détenu n’a pratiquement aucun droit, si ce n’est d’obéir. De nombreuses punitions (mise au pain sec et à l’eau, salle de discipline, emprisonnement au « mitard »…) sont prévues et infligées par le tribunal interne de la prison, le prétoire. Dans une société aussi fermée et stricte où l’individu n’a aucun droit et perd sa personnalité, le besoin d’exister conduit les détenus à faire preuve d’imagination comme le prouvent  les objets interdits artisanaux (radios fabriquées dans des boîtes de cigares, machines à tatouer…). Une autre trace du passage d’un détenu en prison est révélée par ses graffitis. D’autres objets de la collection évoquent également les projets d’évasion qu’ils soient réels (corde faite avec des draps lacérés) ou imaginaire (par l’écriture à travers les journaux de détenus).

Tous les détenus dès leur arrivée portent une tenue pénale, le « droguet », fournie par l’administration. Imposée pour des raisons d’hygiène, elle vise également à gommer la personnalité du condamné pour le conduire à la docilité. Dans les années qui précèdent la suppression de la tenue pénale (1983), un assouplissement a lieu car elle est considérée comme un élément négatif pour la santé morale du détenu et un moyen de stigmatisation humiliant.  En 1975, dans certains établissements, les condamnés ne sont plus astreints à ce port dans leur cellule et, la même année, la tenue pénale  qui reste obligatoire, devient juste un « vêtement fourni par l’administration », gris en général.