Evolution de la perception de la dangerosité (19ème - 20ème siècle) - Bibliographie commentée
Une sélection bibliographique dans les fonds patrimoniaux du CRHCP permet de suivre les grandes évolutions de la notion de dangerosité dans la littérature spécialisée*, d’en appréhender son utilisation et sa justification, sachant que les travaux sur la personnalité criminelle de Jean Pinatel font encore référence aujourd’hui.
De la classe dangereuse à l’état dangereux, le concept de la dangerosité apparaît au milieu du 19e siècle avec la désignation d’une classe ouvrière misérable et potentiellement inquiétante pour la société bourgeoise d’alors. Décrire, identifier les stigmates de la dangerosité puis classer les catégories, les groupes, les individus dangereux ; tels sont les premiers pas de la criminologie qui apporte une caution scientifique et médicale à des politiques criminelles et pénales qui alternent, selon le degré de tolérance de la société et l’influence de la presse à sensation, des mesures d’élimination, de sûreté ou de prévention censées éviter tout nouveau passage à l’acte.
Au 20e siècle, l’étude de la personnalité criminelle, chère à Jean Pinatel, qui étudie les conditions du passage à l’acte (avec l’aide des sciences humaines qui s’affirment), s’impose et débouche dans les années 1950 sur le concept d’état dangereux, synonyme de dangerosité, révélé par des indices médico-psychologiques et sociaux déterminant la probabilité qu’a un individu de passer à l’acte.
Le déplacement du problème de la perception de la dangerosité, dans les années 60-70, avec le discours sur la violence et la permanence d’un sentiment d’insécurité, semble reléguer, dans la décennie suivante, l’approche criminologique de la personnalité criminelle au second plan, remettant en cause le principe de défense sociale soutenu depuis le 19e siècle par les auteurs. Si bien qu’au début des années 80, la question était alors d’être posée aux spécialistes : la dangerosité avait-elle alors encore un sens ?
* Les commentaires des ouvrages du 19e siècle et début du 20e siècle se sont largement inspirés de l’ouvrage « Histoire des savoirs sur le crime & la peine » de Christian Debuyst, Françoise Digneffe, Alvaro P. Pirès (2 tomes, Coll. Perspectives criminologiques, Ed. De Boeck Université, 1998).