Histoire & Patrimoine pénitentiaire

Armand Fallières

Les grands abolitionniste français de Lepeletier de Saint-Fargeau à Robert Badinter. Armand Fallières (1841-1931)

« On ne peut juger un homme que par le bien qu’il fait. »

Armand Fallières (1841-1931)

Armand Fallières (1841-1931)

Né à Mézin (Lot-et-Garonne) en 1841 de parents propriétaires ruraux, il devient juriste et avocat à Nérac. Il est élu maire en 1871 puis député en 1876. Il occupe ensuite de hautes fonctions aux ministères de l’Intérieur en charge des prisons (1881-1883 et 1887) puis de la Justice (1887-1888 et 1890-1892). En 1899, il se fait élire président du Sénat puis en 1906, il devient le neuvième président de la Troisième République grâce à l’Alliance républicaine démocratique (centre gauche).

Élu comme président, Armand Fallières, abolitionniste par conviction (il exècre la peine de mort) gracie systématiquement les condamnés à mort et met immédiatement à l’ordre du jour le débat sur l’abolition de la peine capitale. Malheureusement, le 31 janvier 1907, un crime épouvantable se produit à Paris : une enfant de 11 ans est violée et tuée. Le procès de l’accusé, Albert Soleilland, est exploité au maximum par la presse conservatrice de l’époque. La cour d’assises condamne Soleilland à la peine capitale mais Armand Fallières le gracie et commue sa peine en travaux forcés à perpétuité, non par clémence mais parce qu’un projet de loi est en cours.

Une campagne de presse en faveur de la peine de mort débute alors véritablement. La hausse de la criminalité y est associée à l’usage systématique du droit de grâce du président. Un référendum du journal Le Petit Parisien indique que 77 % des votants se déclarent pour son maintien. Les «rétentionnistes» (nom donné aux partisans de la peine de mort, la droite catholique et conservatrice en l’occurrence) se mobilisent également et font pencher le vote contre l’abolition avec 330 voix contre 201 le 8 décembre 1908.

Cette déconvenue signe la fin de la politique de grâces du Président Fallières ; ainsi après trois ans d’interruption, les exécutions reprendront. Entre 1910 et 1913 (fin du mandat du président Fallières), 9 personnes sont exécutées chaque année.