Né en 1904, fils d’agriculteurs, Albert Naud se rend à Paris à la fin des années 20 et devient journaliste. Il suit des cours de droit puis devient avocat en 1933. Mobilisé en 1939, il est blessé puis s’engage dans la Résistance. À la Libération, il reprend ses activités d’avocat et défendra notamment Pierre Laval et Louis-Ferdinand Céline estimant que la justice doit être impartiale. Il déchante vite en voyant ces parodies de procès et ne peut éviter la peine de mort pour ses clients. Pendant la deuxième moitié du 20esiècle, il est considéré comme un ténor du barreau.
En 1952-1953, Albert Naud est l’un des fondateurs d’une association l’Union pour la liberté, qui relance le débat de l’abolition de la peine de mort pour des raisons philosophiques et morales. Il publiera plusieurs ouvrages, Tu ne tueras pas (1959), Pour ou contre la peine de mort (1967) et L’agonie de la peine de mort ? (1972) dans des périodes de remise en cause de la peine de mort
Dans ses livres, Albert Naud développe la notion de « loterie capitale » : terme utilisé à la suite d’une expérience menée en partenariat avec le ministère de la Justice dans laquelle il refait juger une affaire criminelle (un jeune homme ayant tué deux personnes pour de l’argent qui finit par être exécuté après son procès) dans cinq cours d’assises différentes. Dans quatre de ces cours d’assises, le condamné échappe à la peine de mort car le jury lui a trouvé des circonstances atténuantes. À travers cette expérience, il prouve ainsi que la justice est très aléatoire.
Albert Naud insiste aussi sur le côté absurde et immorale de la peine de mort en décrivant l’exécution : bruit de la guillotine, bourreau qui brandit la tête et ses assistants qui jettent le corps dans un cercueil. Il juge également irrecevable l’argument de dissuasion puisque les exécutions se font à l’intérieur des prisons depuis 1939.