Histoire & Patrimoine pénitentiaire

1870-1950 : Les colonies agricoles et le bagne d’Outre-mer

Une architecture locale

Au 19ème siècle et jusqu’au milieu du 20ème siècle, l’architecture des établissements pénitentiaires pour peines d’Outre-mer (Algérie, Guyane …) répond à des critères différents de ceux des établissements métropolitains. Il n'y a pas d'architecture propre importée de la métropole : comme pour les bâtiments d’Ancien régime, il s'agit plutôt d'adapter les bâtiments réquisitionnés ou d’utiliser les matériaux présents sur place, en adoptant une architecture locale, comme les cases créoles à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane). 

Le Pénitencier agricole de Berrouaghia en Algérie (1895) :
Ancien caravansérail puis grande ferme de la province d’Alger, Berrouaghia est transformé en pénitencier agricole en 1879. Géré par l'administration pénitentiaire (en régie), il pouvait accueillir plus de 1 000 condamnés essentiellement français et arabes, des militaires ainsi que des étrangers (espagnols, italiens, belges, allemands ...). L’ancien caravansérail devient le siège de l'économat et du greffe et ses pavillons sont occupés par les gardiens. 

Un pavillon est construit pour le directeur, ainsi qu’une infirmerie et des ateliers. Berrouaghia a sa boulangerie, son moulin, son prétoire, son école, sa porcherie et un chaix à vin. D'inspiration militaire, On construit également des baraquements, d’inspiration militaire, pour le casernement des condamnés. A remarquer : l’absence de chapelle, sans doute du fait de la multitude des cultes pratiqués. (Coll. ENAP-CRHCP)

Le Pénitencier agricole de Berrouaghia en Algérie (1895)

Le camp de la transportation à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane (1953)

Pendant près d’un siècle, le camp de Saint-Laurent-du-Maroni a accueilli les condamnés aux travaux forcés dans le cadre de la loi sur la transportation (30 mars 1854). Le camp a été fermé après le départ des derniers bagnards en 1953 laissant sur place une architecture typique de l’esprit colonial sous la IIIème République comme le montre le plan ci-dessous :

Saint-Laurent-du-Maroni (1953)

Saint-Laurent-du-Maroni (1953) :
Largement inspirées de l’architecture locale traditionnelle, les cases à étage sont constituées d’un modeste rez-de-chaussée sur plots de brique, ne comportant que deux pièces. A l’étage (lorsqu’il existe), l’espace est organisé en cellules avec, au fond, les toilettes. A noter également : l’existence de « Blockhaus » servant pour certains de cachots. Certaines cases pouvaient contenir jusqu’à 100 bagnards. (Coll. ENAP-CRHCP)

 

La colonie agricole pour mineurs : Aniane (1895) :
Convertie en filature de coton après la Révolution, l’ancienne abbaye d’Aniane est rachetée en 1884 par l’administration pénitentiaire, qui la transforme en maison centrale. En 1885, la maison centrale devient colonie pénitentiaire pour mineurs.

La politique de réinsertion par le travail aux champs ayant montré ses limites, la nouvelle colonie privilégie plutôt des travaux industriels en ateliers. En 1945, la colonie devient Institution d’éducation surveillée, puis Internat professionnel d’éducation spécialisée en 1957 ; C’est seulement à cette époque que sont démolis les quartiers cellulaires.  A partir de 1974-1975, devenue établissement d’éducation ET de prévention, Aniane s’ouvre vers l’extérieur et se modernise : construction d’une piscine et d’un gymnase (1967), réfection des classes, du restaurant et des cuisines (1976), transformation des 120 anciennes « chambrettes » an 60 chambres, avec salle de jeux et salle de télévision (1980). L’établissement est définitivement fermé en 1993. (Coll. ENAP-CRHCP)

La colonie agricole pour mineurs : Aniane (1895)