Ultime recours contre les multirécidivistes, la relégation sert, aux frais de l'Etat, à éloigner définitivement du territoire national les condamnés jugés incorrigibles dont le « relèvement » est impossible, et à peupler et exploiter les colonies françaises (Guyane et Nouvelle-Calédonie). Prononcée par les tribunaux, elle n'est pas considérée comme une peine mais une mesure préventive.
Selon l'abbé Moreau, aumônier de Mazas et de la Grande-Roquette, deux sentiments ont inspiré les débats et la loi du 27 mai que tout le monde, exaspéré par la croissance de la délinquance, semble approuver : un sentiment de protection de la société (« sécurité sociale ») et un sentiment humanitaire, car l'exil conduira à la suppression à court terme de la peine de mort (guillotine sèche contre guillotine sanglante).
Vu de Paris, le « transporté » devient un colon de la Guyane ou de la Nouvelle-Calédonie (« La nouvelle »), éloigné des centres corrupteurs, honnête et travailleur, vivant dans un lieu paradisiaque. En fait, les conditions de détention puis d'installation après la peine sont catastrophiques. En Nouvelle-Calédonie, le libéré est confiné dans un camp, sur la presqu'île Ducos, sans emploi, sans protection, au milieu d'une population hostile, mal nourri et logé.