Le 17 décembre 2025, l’ÉNAP a réuni experts, cadres, élèves et partenaires institutionnels à l’occasion d’un séminaire consacré aux vingt ans de la loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. À travers trois tables rondes, la communauté pénitentiaire a interrogé ses pratiques, partagé ses expériences et réaffirmé sa volonté d’œuvrer collectivement à une administration plus accessible et pleinement inclusive.
Organisé sur le site de l’ÉNAP, ce séminaire exceptionnel a permis, deux décennies après l’adoption de ce texte fondateur, de dresser un bilan à la fois exigeant et lucide des avancées réalisées, tout en mettant en lumière les défis qui demeurent. Il a également souligné l’engagement constant de l’École en faveur de l’accessibilité, de l’accompagnement et de la reconnaissance des personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse des publics formés, des personnels ou des personnes placées sous main de justice.
Dans son discours d’ouverture, Madame Sophie Bondil, directrice de l’ÉNAP, a rappelé la portée à la fois symbolique et opérationnelle de la loi du 11 février 2005, soulignant que l’accessibilité universelle demeure un horizon à consolider chaque jour. Elle a insisté sur la responsabilité collective de l’institution dans la lutte contre toutes les formes de barrières, matérielles, organisationnelles ou culturelles, qui entravent la pleine participation sociale des personnes en situation de handicap.
Elle a notamment déclaré :
« Ce séminaire marque un moment singulier et hautement symbolique : les 20 ans de la loi du 11 février 2005, une loi fondatrice qui a inscrit dans notre droit une ambition simple mais immense : construire une société accessible à toutes et à tous.
Vingt ans, c’est l’âge où l’on mesure le chemin parcouru et où l’on interroge lucidement ce qu’il reste à accomplir.
Vingt ans, c’est l’âge où une loi cesse d’être une innovation et devient une responsabilité partagée.
Et vingt ans après, force est de constater que l’accessibilité universelle demeure un horizon exigeant, un moteur pour l’action, une discipline pour les institutions. »
À l’issue de cette ouverture institutionnelle, Monsieur Alain Picard, conseiller départemental délégué aux personnes handicapées (dép. 47), a rappelé dans son allocution le rôle central joué par le Conseil départemental dans le dispositif de reconnaissance du handicap, grâce à la mission accomplie par la MDPH, créée par la loi du 11 février 2005.
La première table ronde, modérée par Madame Sara Di Santo Prada, adjointe au directeur de la recherche et de la diffusion et cheffe du département des ressources documentaires, historiques et des actions culturelles de l’ÉNAP, a proposé un regard croisé entre l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et l’Administration pénitentiaire. Les interventions de Sébastien Mounié, haut fonctionnaire au handicap et à l’inclusion au sein du ministère de l’Education nationale, Eric Dugas, professeur des universités et chargé de mission handicap à l’université de Bordeaux, et Jane-Florentine Richard, cheffe du pôle santé à la Direction de l’administration pénitentiaire, ont permis d’explorer les dispositifs d’accompagnement déployés dans leurs secteurs respectifs et d’identifier les leviers d’amélioration partagés. Lors des échanges avec le public, l’intervention de Thierry Fabre, directeur de la MDPH 47, a permis de rappeler les missions de la MDPH et notamment l’articulation de ses actions avec l’Education nationale et l’Administration pénitentiaire.
La seconde table ronde, animée par Monsieur Laurent Cousson, directeur adjoint de l’ÉNAP, a donné la parole aux stagiaires directeurs et directrices. Théo Dussourd, Cassandra Guichard et Gabrielle Larrochette, à travers leurs analyses et leurs retours de terrain, ont rappelé la nécessité d’une prise en charge individualisée et adaptée pour les personnes placées sous main de justice en situation de handicap.
La troisième table ronde, conduite par Madame Nathalie Jaffré, directrice de la formation à l’ÉNAP, a réuni des expertes et experts de terrain dont les interventions ont éclairé les réalités opérationnelles de l’inclusion en milieu pénitentiaire.
Les échanges avec Madame Quitterie Lamoureux, directrice adjointe du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, Madame Carine Ramella, responsable locale de l’enseignement au sein de ce même établissement, Madame Laure Vandel, adjointe à la cheffe d’établissement du centre de détention de Val-de-Reuil, Monsieur Gregory Crenn, responsable local du travail et de la formation, et Monsieur Nicolas Gilles, psychiatre à l’ESAT de Val-de-Reuil, ainsi que Madame Cécile Rambourg, enseignante-chercheuse au Centre interdisciplinaire de recherche appliquée au champ pénitentiaire de l’ÉNAP, ont souligné la diversité des situations rencontrées et la nécessité d’une coordination étroite entre les acteurs institutionnels, éducatifs et sanitaires.
Ce temps de réflexion a été enrichi par une proposition artistique et sensorielle originale : deux projections, organisées les 16 et 17 décembre, de Mon cinéma sans image d’Anne-Marie David. Cette expérience immersive, créée par l’artiste, a invité les participants à questionner leurs repères perceptifs et à s’ouvrir à d’autres manières de ressentir et de comprendre le monde.
En clôture, la directrice de l’ÉNAP a salué la qualité des échanges et l’implication de l’ensemble des intervenants, modérateurs et participants. Elle a rappelé que la construction d’une institution plus inclusive repose sur un engagement collectif, inscrit à la fois dans les pratiques professionnelles quotidiennes et dans les orientations stratégiques de long terme.
Ce séminaire constitue ainsi une étape structurante dans la dynamique portée par l’ÉNAP, qui réaffirme, à travers ces travaux et son action continue, son ambition d’être une école exemplaire, attentive aux singularités et résolument engagée en faveur de l’inclusion.