Rencontres Philosophiques Michel Serres

Intervention dans le cadre des rencontres philosophiques Michel Serres : « La sécurité dynamique : quand l’humain devient la clé »

Publié le : 14/11/2025
Rencontres Philosophiques Michel Serres
Rencontres Philosophiques Michel Serres

Le vendredi 7 novembre 2025, dans le cadre de la 5ᵉ édition des Rencontres philosophiques Michel Serres à Agen, L’ÉNAP était représentée par Guillaume Brie, enseignant-chercheur et chef du Centre interdisciplinaire de recherche appliquée au champ pénitentiaire (CIRAP). Il est intervenu au tribunal judiciaire d’Agen sur le thème « La sécurité dynamique : quand l’humain devient la clé ». 

Au cœur de son intervention, Guillaume Brie a proposé de repenser la sécurité en milieu pénitentiaire, non comme un simple ensemble de dispositifs matériels ou technologiques, mais comme une manière d’entrer en relation : une attention portée aux interactions, aux échanges et aux dynamiques humaines. Pour éclairer cette approche, il s’est appuyé sur l’ouvrage Le Parasite de Michel Serres, qui montre que ce qui dérange, ce qui résiste, ce qui « fait bruit » n’est pas seulement un obstacle à éliminer, mais peut devenir une ressource pour nourrir la relation et contribuer à l’équilibre global.

« Bruit », résistance, relation
En écho aux réflexions du philosophe sur ce qui « dérange » mais qui, paradoxalement, peut aussi être porteur de vie et de lien, Guillaume Brie a montré comment, dans le champ pénitentiaire, les phénomènes de résistance, d’ « irritation » relationnelle ou de conflit peuvent devenir des leviers d’attention, de compréhension et de régulation. Il a souligné que la sécurité dynamique ne se limite pas à la prévention de la violence ou au contrôle, mais qu’elle invite à y adjoindre une dimension relationnelle essentielle : la co-construction d’un lien entre personnes détenues et personnels, fondé sur la confiance, la reconnaissance mutuelle et l’écoute.

S’inscrire dans la question centrale : « Quelle humanité voulons-nous pour demain ? »
Cette prise de parole répondait pleinement à la question posée par cette édition : « Quelle humanité voulons-nous pour demain ? ». Dans son propos, Guillaume Brie a donc plaidé pour une humanité où la sécurité n’est pas uniquement garantie par la technologie ou les procédures, mais par la relation humaine, par des environnements qui favorisent l’échange et le travail commun, et où chaque acteur - agent pénitentiaire, personne détenue - est considéré comme sujet et partenaire.

Cette intervention invite à réfléchir aux manières d’agir : comment favoriser la confiance ? comment reconnaître les personnes détenues non seulement comme des individus à encadrer, mais aussi comme de véritables acteurs de la relation et de leur parcours ? Comment engager les personnels dans une posture de relation, de dialogue, de médiation ? Le rôle du surveillant, des formateurs, des agents de l’établissement s’en trouve redéfini dans une logique de coopération plutôt que de simple contrôle.

La participation de l’ENAP à cet événement philosophique est le reflet de l’importance que l’École accorde à la dimension humaine et relationnelle de la mission pénitentiaire. Grâce à l’intervention de Guillaume Brie, c’est tout un questionnement sur l’avenir de la sécurité pénitentiaire qui a été proposé : une sécurité non seulement pour demain, mais avec et par l’humain.