Cette recherche s’intéresse aux prises en charge collectives proposées aux auteurs de violences conjugales, dans les SPIP français. Elle vise deux objectifs : d’une part, faire un état des lieux et une analyse du cadre, du contenu et des finalités de ces programmes ; et d’autre part, questionner leur appropriation par les bénéficiaires. Nous faisons l’hypothèse d’influences réciproques entre le mode de gestion institutionnel de la violence conjugale et la façon dont les hommes vont se « subjectiver » et se « personnaliser » une fois qu’ils ont assisté à ces programmes collectifs (Malrieu, 1979). Une méthodologie mixte, composée de questionnaires et d’entretiens, a été proposée pour répondre à ces objectifs.
Les résultats montrent notamment que l’approche cognitivo-comportementale s’est majoritairement imposée dans la construction de ces programmes, avec, plus précisément, un travail sur la gestion des émotions et le développement des compétences psychosociales. Cette orientation contribue à donner un sens et une image particulière à la conduite délinquante : la violence est le résultat de la « colère de l’homme », d’une « perte de contrôle », plutôt que d’un choix menant à un mode de contrôle. L’analyse du récit des hommes soulignent par la suite comment les hommes interrogés s’approprient ces discours et ces pratiques institutionnels pour rationaliser leur violence et renforcer leurs représentations. Ainsi, ces différentes stratégies de résistance semblent ne pas leur permettre d’entrer dans un processus de subjectivation, indispensable pour internaliser une demande de changement.
Ce dossier thématique est disponible de façon dématérialisé sur :
Internet : Les dossiers thématiques du CIRAP | ENAP
Intranet : E-nap